Blanc égale noir

 

 

               

             J’ai eu beau chercher, retourner boites et cartons emplies d’un fatras de photos, inventorier le grenier, la cave, la remise et même l’abri de jardin. Rien n’y a fait, je n’ai pas retrouvé l’image blanche, pardon noire, que je pense avoir réalisée dans les années mile neuf cent quatre vingt sept  ou mile neuf cent quatre vingt huit.

Qu’est-elle devenue ?

Image invisible, image devenue invisible comme ce qu’elle représentait, par mimétisme.

 

Je tentais à ce moment là  de donner à voir, à penser, la notion  de multitude, d’envahissement, de profusion, d’étouffement même que peut provoquer le côtoiement de millions de véhicules qui occupent les rues, les places,  les parkings.

Des parkings par dizaines, par centaines, par milliers,  avec des voitures par millions. Peut  être ce projet trouvait-il son origine dans mon quotidien, dans le fait qu’à cette époque, je tirais mes images dans un laboratoire photographique situé dans le quinzième arrondissement de Paris où je tournais sans fin pour trouver justement une place de parking.

 

J’aurais pu réaliser des prises de vue des immenses parcs de stationnement qui se pressent aux portes de la capitale, mais, paradoxalement je trouvais que la présence même des véhicules perturbait le regard et enlevait de la force au propos.

Comment rendre compte ? 

Alors, je me suis mis à ajouter, sur ma feuillie blanche, dans le noir, des parkings à des parkings, des voitures à des voitures, encore et encore. Je pouvais en ajouter sans fin puisque l’on ne connait ni le nombre de véhicules ni le nombre de parkings qui existent de par le monde.

 

J’ajoutais, et sous mon agrandisseur la feuille devenait noire,  noire de voitures, de parkings,  de ces voiture et de  ces parkings que l’on ne voit plus, tellement il nous est impossible de voir, d’appréhender, ce que l’on ne peut dénombrer. Image noire, image blanche.

Image sans fin, processus.

Que mettre et qu’enlever ? Surtout enlever. Le réel est bien trop bavard, à l’image des discours politique et managériaux qui usent de force circonvolutions, paraboles, métaphores et autres artifices  et ou le propos se perd dans un  trop, ou trop mal à dire.

 

Il faut donc enlever, ou bien ajouter puisqu’en ajoutant on enlève. Alors parfois il ne reste plus rien sur mes images, ou plutôt si,  il y a ce que je pense  nécessaire et elles sont alors toutes blanches ou toutes noires, c’est la même chose.

 

Cette image noire je l’ai appelée parking.

 

Mon image noire s’appelle parking mon image blanche pourrait s’appeller parking. Cela se suffit.

 

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